La construction de la nouvelle ligne ferroviaire Colmar-Fribourg prend du retard - et coûte cher
La construction de la liaison ferroviaire transfrontalière prendra probablement plus de temps que prévu. Selon une étude préliminaire, les premiers trains pourraient traverser le Rhin à Breisach en 2036/37.
Le prolongement de la ligne ferroviaire de Fribourg à Colmar via Breisach coûterait au moins 980 millions d'euros, peut-être même 1150 millions. Ce chiffre ne tient pas compte du coût des trains. Ces nouveaux chiffres issus d'une étude préliminaire ont fait l'objet d'un débat au sein du comité de pilotage franco-allemand qui s'est réuni il y a quelques jours à Strasbourg.
Une présentation des deux sociétés ferroviaires SNCF Réseau et Deutsche Bahn Netze, dont le Badische Zeitung a obtenu une copie, fait état de l'état intermédiaire du projet ferroviaire binational. Le souhait d'une deuxième voie entre Fribourg et Breisach (Breisgau-S-Bahn) coûterait ainsi environ 400 millions d'euros. La partie alsacienne s'en tirerait à bien meilleur compte, avec 325 à 350 millions d'euros. En tenant compte de l'inflation et d'un délai pouvant aller jusqu'à 15 ans, les auteurs arrivent à la somme totale d'environ un milliard d'euros si le Breisgau-S-Bahn devait également être étendu. Une deuxième voie rendrait le RER moins vulnérable aux retards et aux perturbations. Mais jusqu'à présent, cette idée ne faisait pas partie du projet de prolongement du train jusqu'à Colmar.
A ces coûts s'ajouteraient dans tous les cas ceux du "matériel roulant". Les trains actuels du Breisgau-S-Bahn ne sont pas adaptés en France - ils possèdent d'autres systèmes de sécurité et tensions d'exploitation et roulent déjà à la limite de la charge. En Alsace, seuls des trains de marchandises circulent depuis 1969 entre Volgelsheim et Colmar.
La question de savoir si le prolongement de la ligne ferroviaire sera réalisé dans l'une ou l'autre variante est actuellement ouverte. En été, le ministre des transports Winfried Hermann (Verts) et la préfète de la région Grand Est, Josiane Chevalier, se rencontreront à nouveau au sein du comité de pilotage politique pour discuter de la suite des opérations, éventuellement dans le sud du Bade, indique un porte-parole. Les variantes de planification dont l'indicateur utilité-coût est mauvais pourraient alors être éliminées. La détermination d'une variante concrète doit avoir lieu après la planification dite de raccordement. Celle-ci pourrait être terminée l'année prochaine.
Néanmoins, il s'agit d'appuyer sur l'accélérateur car, selon l'étude préliminaire, il faut compter entre 14 et 17 ans entre la définition de la variante et la mise en service de la ligne, ce qui signifie que les trains traverseraient pour la première fois le Rhin à Breisach entre 2037 et 2041. Les partenaires français du projet sont plus rapides et n'ont besoin que de 12 ou 13 ans pour démarrer en Alsace, selon l'étude préliminaire. Mais cela aussi est tardif : les politiciens alsaciens avaient récemment évoqué l'année 2028 comme objectif. Cela s'avère désormais irréaliste. Le maire de Breisach, Oliver Rein (CDU), serait déçu si cela devait durer beaucoup plus longtemps : "Il faut que cela aille plus vite".
Le ministre Winfried Hermann écrit qu'il s'engage personnellement pour le rétablissement du chemin de fer. "Il est regrettable que 78 ans après la fin de la guerre, il faille encore se battre pour rétablir un pont qui existait à l'époque de l'hostilité entre les deux pays". Les liaisons ferroviaires entre la France et l'Allemagne devraient rapprocher les gens des deux côtés de la frontière, poursuit Hermann. En cas de réactivation, le Breisgau-S-Bahn "en profiterait aussi directement".
Interrogé par le BZ, Andreas Zahn, chef d'unité au ministère des transports à Stuttgart, souligne que le projet est porté par une "grande et bonne coopération" entre les partenaires français et allemands. Les coûts estimés jusqu'à un milliard d'euros ne sont pas tout à fait surprenants, car plusieurs ponts coûteux près de Breisach et des lignes plus longues doivent être aménagés et électrifiés. A cela s'ajoute une augmentation des coûts, notamment dans le secteur de la construction. La construction de ponts sur le Rhin et donc sur la frontière nationale devrait en outre être planifiée en commun, c'est-à-dire en franco-allemand. Mais toutes les parties ont intérêt à ce que les choses s'accélèrent.
On ne sait pas encore qui prendra en charge les coûts du projet. Pour le tronçon de liaison au-dessus du Rhin, Berlin et Paris devront se concerter étroitement sur le financement et le calendrier. La coopération avec l'État fédéral est en bonne voie à Stuttgart : "Du côté du Land, nous faisons tout pour que le pont soit reconstruit après plusieurs décennies", a déclaré Zahn.
M. Zahn veut enlever un souci aux personnes vivant entre Breisach, Ihringen, Gottenheim et Fribourg : Un transport régulier de marchandises n'est pas prévu, la cadence du Breisgau-S-Bahn est trop serrée pour cela.
Si la ligne devait être achevée un jour, les passagers ne mettraient que 46 minutes pour se rendre de Fribourg à Colmar, et entre 54 et 64 minutes dans la variante la plus lente étudiée. Depuis Breisach, on arriverait dans le meilleur des cas en 22 minutes à la gare de Colmar, montre l'étude préliminaire.